L’histoire de la cathédrale


Histoire de la construction

En 1862, les autorités de la ville de Genève firent don à la communauté orthodoxe d’un terrain destiné à la construction de son église. Celui-ci était situé à l’emplacement de l’ancien cimetière paléochrétien, où s’élevait jusqu’au XVe siècle le couvent Saint-Victor.

Grâce à la diligence de l’archiprêtre Athanase Konstantinovitch Petrov, les fonds nécessaires ont été collectés dans toute la Russie, dont une partie importante a été offerte par la famille impériale. La majestueuse cathédrale a été construite grâce à ces fonds. On prétend que le premier croquis de l’église russe aurait été réalisé par Son Altesse Impériale la grande-duchesse Maria Nikolaïevna, la fille aînée de l’empereur Nicolas Ier. À la tête de ce projet fut nommé David Ivanovitch Grimm (1823-1898), professeur d’architecture de l’Académie impériale des beaux-arts à Saint-Pétersbourg ; les travaux de construction ont été supervisés par l’illustre architecte genevois Jean-Pierre Guillebeaud.

La première pierre a été posée le 26 septembre 1863 (14 /9 selon l’ancien style), et trois ans plus tard, le 26/14 septembre 1866, l’église fut consacrée à l’Exaltation de la Sainte et Vivifiante Croix par les archiprêtres Joseph Vasilyev de Paris, Vasily Prilezhaev de Nice, Athanase Petrov, futur recteur de l’église de Genève, et le prêtre Vladimir Ladinsky de Weimar.

En 1916, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’église, à l’initiative de l’archiprêtre Serge Ioannovitch Orloff (1864-1944), il a été possible d’agrandir considérablement les trois nefs et d’ériger un clocher avec un beffroi de cinq cloches au-dessus du porche central. Une plaque de marbre dans le narthex de la cathédrale commémore cet événement:

Cette église fut achevé et consacrée le 14 septembre 1866 sous la direction de l’archiprêtre Athanase Petrov et de l’ambassadeur Alexandre Ozerov; elle fut redécorée et agrandie avec l’ajout d’un clocher en 1916 sous la direction de l’archiprêtre Serge Orlov et de l’ambassadeur russe à Berne Basile de Bacherach

Conçue dans l’ancien style moscovite, en forme de croix grecque (symbole du salut éternel), l’église est bâtie en pierres blanches provenant des carrières de Seyssel, en Haute-Savoie. Ses murs sont ornés à l’extérieur de grandes croix de marbre gris. Neuf dômes dorés s’élèvent au-dessus de l’église. Le charme extérieur de cette église est encore renforcé par le fait qu’elle est entourée d’un petit jardin, où les fleurs et les buissons, avec leurs couleurs et leurs feuillages, s’harmonisent avec les murs du temple.

L’ensemble du bâtiment se compose d’une nef principale, au-dessus de laquelle s’élève la voûte centrale, et de deux nefs, séparées de celle-ci par six piliers massifs, constitués de faisceaux de colonnes reliées entre elles. L’entrée de l’église se fait par le porche et le vestibule menant à la nef et aux bas-côtés.

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Décoration intérieure

Les décorations murales, conçues dans le style pseudo-russe avec des éléments d’architecture byzantine (ornements de branches et de feuillages, motifs géométriques et monogramme grec du Christ : “XP”), mettent en valeur l’harmonie des couleurs. Les voûtes au-dessus des bas-côtés sont parsemées d’étoiles dorées sur fond bleu. Toutes ces décorations sont l’œuvre du peintre Joseph Benzoni de Lugano.

La fresque de la voûte centrale représente, sur un fond d’or et entouré d’une frise de séraphins, le Christ Tout-Puissant (Pantocrator), pliant les doigts de sa main droite pour bénir et tenant le globe terrestre dans sa main gauche. Aux quatre coins de la voûte, sont représentés les quatre évangélistes, accompagnés de leurs symboles respectifs, tirés de la vision du prophète Ézéchiel : un aigle (Saint Jean), un taureau (Saint Luc), un lion (Saint Marc) et un ange (Saint Mathieu). Les représentations du Sauveur, des séraphins et des évangélistes sont l’œuvre du professeur Giacomo Donati de Lugano.

La belle iconostase, d’un seul étage, formée de cinq arcades a été sculptée à Florence par le sculpteur allemand B. Henneberger dans du marbre blanc de Carrare, extrait de la montagne à Fantiscritti, dans les Alpes apuanes, en Italie. C’est de cette même pierre que Michel-Ange, a donné forme à David, à la Pietà et à bien d’autres sculptures célèbres.

Les deux plus grandes icônes de l’iconostase, à droite et à gauche de la « Porte royale », représentant le Christ et la Mère de Dieu, ainsi que les icônes de l’Exaltation de la Sainte et Vivifiante Croix du Seigneur et des saints Cyrille et Méthode, qui se trouvent dans des châsses en marbre près des colonnes, sont l’œuvre de Nikolaï Andreïevitch Kochélev, un peintre célèbre, membre de l’Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg.

Le prince Sergeï Mikhaïlovitch et la princesse Anna Alexandrovna Golitsyne ont fait don de châsses en marbre pour les icônes de la Mère de Dieu et du Saint Grand Martyr Panteleïmon, toutes deux offertes à l’église par des moines russes du Mont Athos.

Les murs et les colonnes de la cathédrale sont ornés de nombreuses icônes, parfois anciennes et très belles. Citons par exemple :

  • l’cône de la Mère de Dieu de Tikhvine dans un riche oklad (ornement d’icône) en alliage d’or repoussé serti de pierreries, placée à l’intérieur d’un kiot (châsse) en marbre (début du XVIIe siècle)
  • la grande icône hagiographique de la Mère de Dieu avec le texte du début de chaque ode de l’Akathiste à la Très Sainte Vierge (XVIIIe siècle)
  • icône du Christ Sauveur non faite de main d’homme  dans une riza (ornement d’icône) d’argent (XVIe siècle)
  • copie de l’icône miraculeuse de Novgorod représentant la Très Sainte Vierge dite “Du Signe”, entourée de quatre saints, dans un oklad d’argent (XVIIe siècle)

Pour en savoir plus sur les icônes et les reliques de la cathédrale, consultez la section correspondante de ce site.

Dans le narthex, à droite, se trouve la sépulture pontificale des deux évêques, Mgr Léonty, évêque de Genève, qui a dirigé le vicariat suisse de 1950 à 1956, et son frère, Mgr Antony, archevêque de Genève et d’Europe occidentale, recteur de l’église de 1957 à 1993.

La liste des recteurs de la cathédrale depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui se trouve dans la section correspondante de ce site.

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Quelques dates et faits

En mai 1868, l’archiprêtre Athanase Petrov baptisa Sonia Dostoevskaya dans cette église et quelques mois plus tard, malheureusement, ce furent ses funérailles.

En1896, l’archiprêtre Nikolaï Apraksine maria le peintre Michail Vroubel à Nadezhda Zabela, cantatrice de l’opéra Mamontov. Il célèbre également le mariage religieux du futur philosophe Nikolaï Lossky.

En 1905, furent célébrées les funérailles de Rimma, âgée de sept ans, fille d’Alexandre Nikolaïevitch Scriabine

Au fil des années, Nikita Magalov, Alexandre Soljenitsyne, Mstislav Rostropovich et bien d’autres célébrités ont visité l’église.


Plus d’info:

L’Église russe à l’Étranger : un Siècle de Vie et de Mission dans la Diaspora – lire

“Genève, capitale d’un jour de l’Eglise orthodoxe” – (letemps.ch)

Plus d’info en russe:

История Русской Православной Церкви Заграницей (orthodox-europe.org) – читать

Э.Назаренко “Русской православной церкви в Женеве 150 лет” (aboutswiss.ch) – читать

И.И.Грезин “Из истории строительства русских храмов в Швейцарии” (Вестник ПСТГУ II: История. История Русской Православной Церкви, 2014) – читать

И.И.Грезин “Выставка в помещении Государственного архива г.Женевы, открытая к 150-летию освящения русского храма” (nashagazeta.ch) – читать

Л.Клот “Полтора столетия православия в Женеве” (swissinfo.ch) – читать