En ce dimanche, la sainte Église fait mémoire de l’exil du paradis de nos premiers parents en raison de leur désobéissance et leur absence de tempérance. Par cela est soulignée toute l’importance du labeur du carême qui va commencer. En outre, dans la perte de la béatitude paradisiaque, l’Église veut montrer ce qui est digne de la pénitence et des larmes.

«Voici le temps opportun, voici le temps du repentir, écartons les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière : afin qu’en traversant l’océan du carême, nous atteignions la Résurrection du troisième jour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ qui sauve nos âmes». Par ces mots, nous sommes appelés à oublier dès ce jour tout ce qui jusqu’à présent occupait nos pensées et nos sentiments et les détournait «de l’unique nécessaire» (Lc X, 42).

Dans les lectures de l’épître et de l’Évangile, la sainte Église nous présente ses dernières instructions concernant particulièrement l’ascèse du carême. Le jeûne doit commencer par le pardon aux hommes de leurs transgressions et la renonciation aux œuvres des ténèbres. Autrement dit, il convient d’accomplir de façon non hypocrite les prescriptions du jeûne et d’adopter une attitude non condamnable à l’égard du prochain. La réconciliation avec tous, le pardon à tous de leurs péchés commis à notre égard, constitue la condition première, principale et indispensable à notre réconciliation avec Dieu.

Sans cette réconciliation avec tous, on ne peut s’approcher du Seigneur et s’engager sur le stade du carême et du repentir. De là vient l’usage orthodoxe de demander le pardon mutuellement à la veille du Grand Carême. St Jean Chrysostome enseigne : «nous devons pardonner aux autres non seulement en paroles, mais aussi d’un cœur pur, afin de ne pas, par la mémoire des offenses, diriger le glaive contre soi. Celui qui nous afflige ne nous fait pas autant de mal que nous-mêmes, en nourrissant en soi la colère et nous exposant ainsi à la condamnation de la part de Dieu. Si nous aimons celui qui nous offense, ce mal retombe sur la tête de celui-ci, et il souffre ; mais si nous nous indignons, nous souffrons nous-mêmes et ce à cause de nous-mêmes».

Sermon du père Paul Tzvetkoff avant le Rite du Pardon

La veille du début de Grand Carême, lors du Dimanche du Pardon, les églises orthodoxes célèbrent les Vêpres avec le Rite de Réconciliation. L’office commence comme des vêpres ordinaires, mais dans l’église, tout est différent: sur les pupitres il y a des habits noirs ou violets, ceux du Grand Carême. Le prêtre récite la prière de Saint Ephrem le Syrien avec trois inclinaisons. Après la fin des vêpres, le clergé de l’église sort de l’autel et demande pardon aux paroissiens. Les paroissiens s’approchent à leur tour du clergé et lui demandent pardon. Et ensuite, les uns aux autres.

La coutume de demander pardon à la veille du Carême remonte à l’antiquité profonde de l’Église, lorsque les ascètes quittaient les villes et les monastères pour passer tout le Carême dans le désert et, ne sachant pas s’ils reviendraient tous de ce difficile exploit avant Pâques. Ils se disaient au revoir et se réconciliaient les uns avec les autres.

Aujourd’hui, dans la cathédrale de l’Exaltation de la Sainte-Croix, les Vêpres avec le rite de Réconciliation ont eu lieu immédiatement après la Divine Liturgie.

« Nous ne cherchons pas à être esclaves, mais à être libérés… » : Homélie de l'évêque Irénée de Londres et d'Europe occidentale le dimanche du pardon.

Sermon du père Paul Tzvetkoff le même jour en 2023