AU SUJET DU TYPICON ET DU TRIODE DE CARÊME
Aujourd’hui commence le cycle des fêtes mobiles, le Triode commençant le dimanche du Pharisien et du Publicain et s’achevant avec la Semaine de la Passion. Ce cycle tire son nom d’un livre liturgique, le « Triode », appelé ainsi en raison de certains canons des matines qui s’y trouvent et ne contiennent que trois odes, tandis qu’habituellement celles-ci sont au nombre de neuf. Le ton général du Triode dit « de carême » est celui de la prière unie à la pénitence. Le Triode contient des compositions appartenant à une vingtaine d’hymnographes, dont les plus célèbres remontent aux VIIIème et IXème siècle : André de Crète, Cosmas de Maïouma, Jean Damascène, Joseph, Théodore et Syméon les Studites, l’empereur Léon le Sage, Théophane le Marqué, et d’autres encore. Leurs préceptes, exprimés dans les offices, enseignent aux chrétiens orthodoxes depuis plus de mille ans de quelle manière il convient de passer le temps du Grand Carême.
La préparation du Grand Carême commence peu après la Théophanie, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, après Son baptême, s’éloigna dans le désert pour jeûner. Par cette préparation, la sainte Église, agit dans ses offices «comme un général qui, par des paroles opportunes et sages, encourage ses soldats avant le combat» (synaxaire du jour). Pour cette raison, elle montre en ce jour que l’humilité est le commencement et le fondement du repentir: «Par l’élévation (de soi-même) tout bien se vide, par l’humilité tout mal est purifié» (canon des matines).
Au cours de la semaine du Publicain et du Pharisien, il est permis de manger toute nourriture, même le mercredi et le vendredi, afin de dénoncer l’orgueil du Pharisien, qui se vantait de jeûner deux fois par semaine. Selon les paroles du saint hiérarque Athanase de Kovrov (†1962), «les offices et les règles de prières n’ont pas été créés par hasard ou n’importe comment. Tous ces offices, tout ce qui se trouve dans le Typicon [livre contenant les règles de célébration de l’office] et les livres liturgiques, est, pour la plupart, le fruit des labeurs dans la prière des meilleurs enfants de l’Église, les grands saints de Dieu. Ceux-ci consacraient toute leur vie à la prière incessante, brûlaient de l’aspiration pour le monde céleste. Ils «préféraient la rudesse du désert à toutes les douceurs du monde entier» (kondakion de St Gérasime) et, s’éloignant complètement des hommes, devenus habitants du désert, ils «affermirent l’univers par leurs prières» (tropaire de S. Antoine le Grand), et, lorsqu’ils «chantaient les saintes prières, ils avaient pour concélébrants les anges» (tropaire de St Spyridon). L’Église a reçu et conservé ces paroles sacrées, dans lesquelles ils épanchaient leur âme devant Dieu. La Sainte Église, guidée par l’Esprit Saint a, dans la richesse de l’expérience de prière de ses meilleurs fils, rassemblée de cette façon, choisi ce qu’il y avait de meilleur, de plus nécessaire, puis l’a systématisé, corrigé ce qui était inachevé, et a ajusté le tout en une unité harmonieuse. C’est ainsi que s’est constitué le Typicon que les anciens écrivains russes appelaient non sans raison «un livre inspiré».
Le sermon du père Paul Tzvetkoff – 5 février