Tropaire de l’Annonciation, ton 4

En ce jour est le principe de notre salut et la manifestation du mystère éternel ; le Fils de Dieu devient Fils de la Vierge et Gabriel annonce cette grâce. Crions donc avec lui à la Mère de Dieu : Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi!

Kondakion de l’Annonciation, ton 8

À toi, vaillante Stratège, nous offrons l’hymne de victoire. Délivrés des malheurs, nous tes serviteurs te dédions cette action de grâces, à toi, ô Mère de Dieu, mais puisque tu possèdes la puissance invincible, délivre-nous nous de tout péril, afin que nous te clamions : réjouis-toi, Épouse inépousée!

Au lieu de «Il est digne en vérité», ton 4

Terre, proclame la bonne nouvelle d’une grande joie; cieux, louez la gloire de Dieu. Comme à l’Arche vivante de Dieu, que jamais n’y touche une main profane, mais que les lèvres des fidèles ne cessent de moduler à la Mère de Dieu la parole de l’Ange, et que, dans leur transport, ils lui crient : «Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi».

Sermon du père Paul

L’ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU

Tiré du Synaxaire du Hiéromoine Macaire de Simonos Petra (version abrégée).

Racine et principe de toutes les autres fêtes du Seigneur, par lesquelles nous commémorons chaque année notre Rédemption, cette fête de l’Annonciation doit toujours être célébrée à la même date, car, selon une ancienne tradition, c’est au mois de mars que le monde fut créé par Dieu et c’est le 25 mars précisément qu’Adam, trompé par la promesse du serpent et voulant se faire dieu, transgressa le commandement divin et fut exilé du Paradis. Il convenait donc que la guérison de notre nature s’accomplisse, telle une seconde création, par les mêmes moyens et en ces mêmes jours qui ont été ceux de notre chute. Et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par la désobéissance d’Ève, au printemps du monde, il convenait qu’il en fût délivré au mois de mars par l’obéissance de la Vierge. Après notre chute, Dieu, prenant patience dans sa miséricorde infinie, avait peu à peu préparé l’humanité, de génération en génération, par des événements heureux et malheureux, à la réalisation du Grand Mystère qu’Il tenait caché avant tous les siècles dans son Conseil trinitaire : l’Incarnation du Verbe. Alors qu’Il savait, bien à l’avance, qu’elle allait être la faute de l’homme et ses tragiques conséquences, c’est en ayant en vue le terme de ce mystère qu’Il avait pourtant créé la nature humaine, afin de s’y préparer une Mère qui, par la beauté de son âme immaculée, relevée de l’ornement de toutes les vertus, attira sur elle les regards du Tout-Puissant et devint la chambre nuptiale du Verbe, le réceptacle de Celui qui contient tout, le Palais du Roi du Ciel et le terme du dessein divin.

Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en toutes choses le Précurseur du Sauveur (Lc I, 17), Gabriel, l’Ange de la miséricorde, fut envoyé par le Seigneur à Nazareth en Galilée, auprès de la Vierge Marie qui, au sortir du Temple, avait été fiancée au juste et chaste Joseph, pour qu’il fût le gardien de sa virginité. Surgissant soudain dans la maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l’Ange salua celle qui devait devenir la consolation des larmes d’Ève, en disant : «Réjouis-toi, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi !» (Lc I, 28).

Devant cette étrange apparition, la Vierge toute troublée par ces paroles de l’incorporel se demandait si cette annonce de joie n’était pas, comme pour Ève, une nouvelle tromperie de celui qui sait se transformer en ange de lumière (II CorXI, 14). Mais l’Ange la rassura et lui dit :

«Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu, ne t’étonne pas de mon étrange aspect et de ces paroles de joie, alors que, trompée jadis par le serpent, ta nature a été condamnée à la douleur et aux gémissements, car moi, c’est la vraie joie que je suis venu t’annoncer et la délivrance de la malédiction de la première mère (cf. Gn III, 16). Voici que tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du prophète Isaïe qui disait : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils (Is VII, 14) ! Et tu l’appelleras du nom de Jésus, — ce qui signifie Sauveur — Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut (Lc I, 30).»

À ces paroles inouïes, la Vierge s’exclama:

«Comment cela serait-il possible, puisque je ne connais point d’homme

Elle ne mettait pas là en doute la parole divine par manque de foi, comme Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Lc I, 20), mais elle se demandait comment ce mystère pourrait bien se réaliser en elle, sans l’union nuptiale, devenue la loi de la reproduction du genre humain soumis à la corruption.

Comprenant ses doutes, l’Ange ne la blâma pas, mais il lui expliqua le mode nouveau de cette naissance:

«L’Esprit Saint viendra sur toi, qui a été comblée de grâce en préparation de sa venue, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre.»

Puis, rappelant qu’Élisabeth, celle qu’on appelait «la stérile», venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra ainsi que là où Dieu le veut l’ordre de la nature est vaincu, et il lui confirma que par sa venue en elle le Saint-Esprit allait accomplir un miracle plus grand encore que la création du monde. Abaissant les cieux, le Roi de l’univers, Celui qui contient tout, allait s’anéantir lui-même (Phil II, 7) par une ineffable condescendance, afin de demeurer en son sein, de s’y mêler en une union sans confusion à la nature humaine, et de se revêtir de sa chair, teinte en son sang virginal, comme une pourpre royale.

Inclinant alors humblement son regard à terre et adhérant de toute sa volonté au dessein divin, la Vierge répondit:

Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole!

Par ces paroles, elle acceptait — et avec elle la nature humaine tout entière — la venue en elle de la puissance divine transmise par les paroles de l’Ange. C’est à cet instant même que s’accomplit la conception du Sauveur. Le Fils de Dieu devient Fils de l’Homme : une seule Personne en deux natures. Dieu se revêt de l’humanité et la Vierge devient en toute vérité Mère de Dieu (Théotokos), afin que, grâce à cet échange des propriétés naturelles, les hommes, délivrés de la corruption, puissent devenir fils de Dieu par la grâce. L’accomplissement de ce mystère de l’Incarnation, caché même à la connaissance des anges, ne fut donc pas seulement l’œuvre du Père, dans sa complaisance, du Fils qui descendit des cieux, et de l’Esprit qui recouvrit la Vierge de Son ombre ; mais le Seigneur attendait que celle qu’Il avait choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par son acquiescement libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l’œuvre commune de la volonté de Dieu et de la foi de l’homme. Ce fut donc par une libre coopération (synergie) de l’humanité au dessein divin que s’est accompli ce Grand Mystère préparé depuis l’origine du monde, que « Dieu devient homme pour que l’homme soit déifié en Lui », et que la Vierge, Épouse inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la cause de tous les biens. La création entière, soumise jadis à la corruption par la faute de l’homme, était elle aussi dans l’attente de ce «Oui !» de la Vierge, qui annonçait le début de sa délivrance. C’est pourquoi le ciel et la terre réunis, forment aujourd’hui un chœur de fête avec les fils d’Adam, pour rendre gloire à Dieu en honorant la conception de sa Mère inépousée.


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Sermon du père Paul du 7 avril 2022: